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| program [PDF] 2011 Festival Feature Films (March 24-27)  
   La réalisatrice Fabienne Berthaud présente Pieds nus sur les limaces réalisatrice Fabienne  Berthaud scénaristes Fabienne Berthaud, Pascal Arnold acteurs Diane Kruger, Ludivine Sagnier,  Denis Menochet, Brigitte Catillion, Jacques Spiesser, Anne Benoît, Jean-Pierre  Martins, Reda Kateb, Gaëtan Gallier, Côme Levin, Arthur Orcier, Mathias Meloul durée 1 h 48 m +13 ans Synopsis Lily  ne ressemble à personne. Elle vit dans un univers fantaisiste en harmonie avec  la nature, en pleine campagne chez sa mère. Sa sœur aînée, Clara, mariée à un  jeune avocat plein d’avenir, vit et travaille dans une grande ville loin de la  maison familiale. À la mort de leur mère, Clara doit bouleverser sa vie pour  s’occuper de Lily. Sous l’influence de celle-ci, Clara va se remettre en  question et goûter à une certaine liberté. réalisatriceFabienne Berthaud
 
              
                | 2010 | Pieds nus sur les  limaces |  
                | 2005 | Frankie |  
                | 1998 | Noël en famille |  actricesDiane Kruger
 
              
                | 2011 | Sans identité de  Jaume Collet Serra |  
                | 2010 | Pieds  nus sur les limaces de Fabienne Berthaud |  
                |  | Forces spéciales de Stéphane  Rybojad |  
                |  | Inhale de Diane Stanton |  
                | 2009 | Mr. Nobody de  Jaco Von Dormael |  
                |  | Inglourious Basterds de Quentin Tarantino |  
                |  | L’Affaire  Farewell de Christian Carion |  
                | 2008 | Pour elle de  Fred Cavayé |  
                | 2007 | National Treasure 2: Book of  Secrets de Jon Turteltaub |  
                |  | Lascars de Albert Pereira Lazaro, Emmanuel Klotz |  
                | 2006 | Copying Beethoven de Agnieszka Holland |  
                |  | Gooddee Bafana de Bille August |  
                |  | Les Brigades  du Tigre de Jérôme Cornuau |  
                |  | L’Âge des ténèbres de Denys Arcand |  
                | 2005 | Frankie de  Fabienne Berthaud |  
                |  | Joyeux Noël de  Christian Carion |  
                | 2004 | Troy de  Wolfgang Petersen |  
                |  | National Treasure de  Jon Turteltaub |  
                |  | Wicker Park de Paul McGuigan |  
                | 2003 | Michel  Vaillant de Louis-Pascal Couvelaire |  
                |  | Narco de Gilles Lellouche, Tristan Aurouet |  
              
                | 2002 | Mon  idole de Guillaume Canet |  
                |  | The Piano Player de Jean-Pierre Roux |  
                | 2001 | Ni  pour ni contre (bien au contraire) de Cédric Klapisch |  Ludivine Sagnier 
              
                | 2010 | Pieds  nus sur les limaces de Fabienne Berthaud |  
                |  | Crime d’amour de Alain Corneau |  
                |  | Les Biens-aimés de Christophe Honoré |  
                | 2008 | Mesrine:  L’Ennemi public n°1 de Jean-François Richet |  
                | 2006 | Paris,  je t’aime de Olivier Assayas |  
                |  | Molière de Laurent Tirard |  
                |  | La  Fille coupée en deux de  Claude Chabrol |  
                |  | Les  Chansons d’amour de  Christophe Honoré |  
                | 2005 | La  Californie de Jacques Fieschi |  
                | 2004 | Une aventure de Xavier Giannoli |  
                | 2003 | Swimming Pool de François Ozon |  
                |  | La  Petite Lili de Claude Miller |  
                |  | La  Légende de Parva de  Jean Cubaud |  
                | 2001 | 8 femmes de François Ozon |  
                |  | Les  Frères Hélias de Frédy  Busso |  
                |  | Petites  coupures de Pascal  Bonitzer |  
                | 2000 | Bon plan de Jérôme Lévy |  
                |  | Gouttes  d’eau sur pierres brûlantes de François Ozon |  
                |  | Un jeu  d’enfants de Laurent Tuel |  
                |  | Guedin de Frédy Busso |  
                |  | Ma  femme est une actrice de  Yvan Attal |  
                |  | Des  monstres à l’état pur de  Sylvie Meyer |  
                | 1999 | Mon frère de Matthias Fégyvères |  
                | 1998 | Acide animé de Guillaume Bréaud |  Entretien avec Fabienne Berthaud Quand est née l’idée de Pieds nus sur les limaces ?J’ai écrit le roman pendant que je tournais mon  premier long-métrage, Frankie. La jeune fille qui m’a inspirée le personnage de Lily avait fait un  séjour dans la clinique où nous tournions. Il s’agit d’une suite logique à mon  travail. La fantaisie de l’esprit, les états limites, la fragilité et la  différence sont des thèmes récurrents chez moi.
 Qu’est-ce qui vous a touché chez cette jeune  fille ?Sa liberté, cette capacité à vivre l’instant. Je  m’intéresse aux gens qui n’entrent pas dans « les cases » et dont la trop  grande sensibilité les empêche de s’intégrer dans la société telle qu’elle nous  est proposée. Le personnage de Lily repousse les limites de la  normalité et nous fait nous interroger sur les solutions de vie possibles, de  quelqu’un qui n’entre pas dans le « schéma ». Lily ne fait pas de compromis,  elle est libre de corps et d’esprit et ne négocie pas. Elle dérange son  environnement et bouscule les mentalités. L’histoire touche à l’intime de  chacun de nous et nous questionne sur la fragile frontière entre normal et  décalé. Le carcan de notre éducation et les valeurs que l’on nous inculque (argent, réussite professionnelle, confort matériel, amour raisonné) ne  sont-ils pas trop souvent source de notre mal-être ?
 Est-ce facile d’adapter son propre roman ?Il faut s’en détacher. Je ne sais plus qui disait  qu’il faut regarder « l’œuvre » littéraire avec des yeux de cinéaste et ne pas  chercher à reproduire. Avec mon coscénariste Pascal Arnold, nous nous sommes  sentis totalement libres. Il nous est arrivé de beaucoup nous amuser en  écrivant certains dialogues. Lily et sa franchise, sa capacité à dire aux gens  ce qu’elle pense sans restriction, nous ont permis un humour décalé, qui je  crois, est une grande force du film. D’ailleurs,  au final, si le livre est très noir, le film lui, est solaire et va vers l’espoir. C’est  précisément ce qui m’intéressait en me lançant dans ce projet. Prendre les mêmes personnages et leur faire vivre  d’autres situations.
 Comment définiriez-vous votre film ?C’est une histoire de famille. Deux sœurs,  fragilisées par la mort brutale de leur mère, se retrouvent. Elles sont en  déséquilibre, chacune à sa manière. Bouleversées dans leur quotidien, elles  vont apprendre l’une de l’autre. Se révéler. J’ai essayé de parler d’humanité, d’amour et de liberté. Il s’agit  de comprendre l’autre dans sa différence.
 Quand avez-vous pensé à Diane Kruger, votre  héroïne de Frankie, pour jouer Clara, la sœur aînée de Lily ?Je n’y ai pas pensé, c’était comme ça, une  évidence, un désir. Il n’était pas question que je fasse ce deuxième  long-métrage sans elle. Elle avait lu le roman, je lui ai demandé : « Ça te dirait de jouer Clara ? ». Elle  m’a dit oui et voilà. Elle a suivi les différentes  versions du scénario. Nous avions envie de retravailler ensemble. Elle fait  partie de mon univers, de ma vie, de ma famille, j’adore l’avoir dans l’oeil de  ma caméra. Elle m’inspire. C’est une actrice fragile et forte en même temps.  J’aime cette dualité. Elle est capable d’exprimer les choses dans les silences  avec beaucoup de subtilité. On se connaît depuis quelques années maintenant, et  puis nous avons démarré ensemble, Frankie était notre premier film à toutes les deux d’une  certaine manière. Elle connaît ma façon de travailler et nous n’avons pas  besoin de beaucoup nous parler pour nous comprendre. Elle sait ce que j’attends  d’elle. Je sais ce qu’elle attend de moi. Nous sommes dans un grand respect  l’une envers l’autre. Clara est un rôle difficile,  tout en retenue, subtil et délicat. C’est un personnage aux prises avec une  tempête intérieure qu’elle n’exprime pas. Jusqu’au jour où…
 Pourquoi avez-vous choisi Ludivine Sagnier pour  jouer Lily?Le personnage de Lily est d’une extrême complexité  car il ne doit jamais être ridicule. Il flirte avec la folie mais il ne  s’agissait pas d’en faire une « rain  woman ».
  Il fallait trouver une actrice dont l’enfance résonne encore, qui  dégage une pureté, une vérité et qui soit d’une grande générosité. Ce n’est pas un rôle en demi-mesure. Il n’y a pas de compromis à faire  quand on accepte d’interpréter un rôle comme celui-ci. Il faut tout donner.  C’est un rôle qui demande un travail considérable sans que cela se voit. Ludivine s’est imposée comme une évidence. Je la sentais capable de cela. Quand je l’ai vue arriver aux essais,  simplement en ouvrant la porte je savais que c’était elle. Ce côté  femme-enfant. Ce rayonnement authentique. Je ne sais pas comment expliquer, je  fonctionne à l’instinct. Je n’intellectualise rien, je ne fais que ressentir.  Et puis, elle avait très envie du rôle et elle me l’a montré. Elle était dans le désir et moi aussi. Je lui ai fait rencontrer Diane. J’avais besoin de les voir ensemble. De sentir si  elles pouvaient s’entendre, s’aimer. Le courant est tout  de suite passé entre elles et pour le coup, physiquement, leur faire jouer deux  sœurs, cela marchait vraiment. D’une grande complicité, elles  étaient très à l’écoute l’une de l’autre. Ludivine est une actrice qui donne tout sans restriction. Elle travaille  sans filet. Elle ne joue pas. Elle est. Elle ne triche jamais  et propose énormément. Elle a la faculté de s’oublier  pour devenir une autre au point de se changer physiquement. C’est un bonheur de  travailler avec elle et je pense que Lily va en étonner plus d’un. J’ai le sentiment de la connaître depuis toujours. Elle m’est familière,  comme une petite sœur. Je ne sais pas… Comme Diane. Je ressens le même attachement. Ma famille  s’agrandit. En quoi l’expérience de Frankie vous a aidé sur le tournage de Pieds nus sur les limaces et comment travaillez-vous ?J’ai le sentiment que chaque film a sa grammaire. Je pense que Pieds nus sur les limaces est mon deuxième premier film. D’ailleurs Diane sur le tournage me  disait tout le temps en plaisantant : «  Mais Fabienne, on est en train de faire un vrai film avec une équipe ! ». Il  est vrai que sur Frankie, l’équipe se résumait à une assistante qui tenait un micro et moi avec  une petite caméra numérique que j’utilisais comme un stylo. C’était tout. Mais  cela correspondait à la facture du film. Là, les choses ont été différentes,  j’ai eu à ma disposition les outils du cinéma et une équipe que j’ai tenu à  garder légère pour ne jamais subir la lourdeur de la technique. J’ai besoin de liberté pour travailler. Je ne découpe pas, je ne fige  rien et je cadre. Si je ne suis pas dans l’oeil de la caméra, je ne peux pas  ressentir la scène que je suis en train de tourner. Tout passe par là. Le film  se fait sur le moment. Lorsque j’aborde une scène, je me mets en état d’alerte,  dans l’inconfort, en danger. Je cherche l’imprévu, le miracle, le moment de  grâce. Je ne prépare rien mais je sais parfaitement où je vais et ce que je  veux obtenir car j’y ai beaucoup pensé avant. J’ai aussi la fâcheuse habitude de parler pendant les prises, je dirige  les acteurs ainsi et nous ne répétons pratiquement jamais avant. Et je me dis  toujours : « Raconte ton histoire comme  si tu faisais un documentaire sur des gens ». Il m’a fallu trouver des  personnes qui acceptent de travailler dans cette logique-là, des personnes  capables d’oublier leurs réflexes et leurs habitudes pour rentrer dans les  miens. J’ai constitué mon équipe de la même manière que j’ai choisi les  acteurs. À l’intuition. C’est mon instinct qui me guide. Les qualités humaines  des personnes avec lesquelles je décide de travailler me sont aussi nécessaires  que leur talent. Je ne peux pas travailler avec des personnalités difficiles,  les plus géniales soient-elles. J’ai besoin de créer dans le plaisir, je suis  très mal à l’aise avec les tensions. Finalement, mon travail consiste à réunir  des talents qui s’additionnent, à laisser s’exprimer les qualités de chacun  dans le but de faire le plus beau film possible. Que ce soit au son, à l’image,  à la déco, au montage, à l’étalonnage, au mixage… Tout compte.
 Comment s’est passée votre collaboration avec  votre chef opérateur Nathalie Durand ?J’appréhendais beaucoup le travail avec un chef opérateur.  J’avais peur qu’il y ait trop de projecteurs partout, trop de machinerie, trop  de contraintes qui m’empêcheraient de changer d’axe quand je le voulais…
  Et  puis on tournait à deux caméras, ce qui n’est pas forcément simple. Quand j’ai  rencontré Nathalie, je lui ai dit : « Je  ne veux pas de lumière ». C’est un peu paradoxal de dire cela à un chef  opérateur. Mais elle a compris ce que je voulais dire et elle  a organisé sa façon de travailler pour aller dans mon sens. L’équipe image  était constituée de trois personnes, nous avons tourné caméra à l’épaule avec  une grande souplesse. Pour les extérieurs, nous nous sommes calés sur le trajet  du soleil, et pour les intérieurs, elle a fait sa lumière sans jamais porter  préjudice à ma façon de travailler. Je lui en suis très reconnaissante. Nous  étions en osmose au point que le soir, quand nous regardions les rushes,  c’était tout juste si nous savions qui des deux avait fait tel ou tel plan. Quand on en arrive là, c’est de l’ordre de l’exceptionnel. Avoir la même  vision des cadres et d’un film à ce point ! Un autre élément essentiel du film réside dans  l’univers de Lily. Comment l’avez-vous composé ?Au stade de l’écriture, j’ai rencontré l’artiste  Valérie Delis dont les créations et l’univers correspondaient à l’univers de  Lily, proche de la nature et des animaux. Avant même de savoir si le film allait se faire nous avons décidé de  travailler ensemble. Elle m’a ouvert son atelier et je me suis laissée aspirer  par son monde fantaisiste, réécrivant certaines scènes du scénario suite à ce  qu’elle me montrait. Nous avons réfléchi ensemble au monde de Lily, à sa façon  de s’habiller, de créer… Nous avons fait des cahiers de travail. Valérie s’est  assez vite mise à la fabrication des tabliers de Lily, des pantoufles, elle a  dessiné son atelier au fond du jardin, prêté ses oeuvres pour les mettre dans  la chambre du personnage. Je lui ai proposé de faire des installations dans la  forêt, elle a habillé les arbres, construit, inventé, enrichi le monde de Lily  et beaucoup de plans et de moments du film sont issus de cette étape de  travail. Le film financé, je lui ai demandé d’être  directrice artistique. Elle a accepté. Elle n’avait  jamais travaillé à ce poste dans le cinéma auparavant.
 Vous aviez des films ou des cinéastes en  référence en vous lançant dans Pieds  nus sur les limaces ?Surtout des photos. Je m’appuie beaucoup sur cet  outil-là pour trouver mon film. Les scènes. Les cadres. Je me  fais des cahiers d’images que je feuillette avant chaque scène. Mais avant  chaque tournage, j’avoue revoir les films de Cassavetes. J’ai l’impression de  l’entendre me dire dans le creux de l’oreille : « Vas-y, fais ce que tu aimes,  ne t’occupe pas des autres et sens-toi libre, il n’y a de règles que les  tiennes. ». Il me fait cet effet-là. Il m’empêche d’avoir peur.
 Est-ce que votre manière de diriger vos  comédiens a évolué sur ce deuxième long-métrage ?Le mot « diriger » ne me plaît pas forcément. Je crois que je ne dirige pas. J’ai le sentiment que quand les  interprètes sont à leur place, il n’y a plus rien à faire. Juste à recueillir.  Je crois qu’il n’y a pas de mauvais acteur dans un film, uniquement des mauvais  choix de la part du réalisateur. C’est lui qui s’est trompé. Pas l’acteur. Avec  les interprètes, je discute en amont du tournage, nous parlons de l’histoire de  leur personnage, ils me posent des questions, nous cherchons ensemble. Une fois  sur le plateau ils font ce qu’ils veulent... tant que cela correspond à ce que  j’attends! Et surtout je mets tout en oeuvre pour que la vraie vie rejoigne la  fiction. Par exemple, Denis Ménochet, qui joue Pierre, n’a jamais tourné  plusieurs jours d’affilée avec nous. Jamais en continu. J’ai tout fait pour  qu’il n’arrive pas à trouver sa place sur le plateau, comme son personnage s’en  révèle incapable entre Clara et Lily. Cela n’a pas dû être facile pour Denis  mais son jeu s’en ressent et je le trouve d’une extrême justesse.
 Quel rapport avez-vous eu avec votre producteur  Bertrand Faivre ?C’est un vrai partenaire. Ensemble nous faisions le  même film. J’avais écrit une version inaboutie du scénario que  je lui ai envoyée. Après l’avoir lue, Bertrand m’a envoyé un long email me  disant précisément ce qu’il trouvait bien et moins bien. Il argumentait  clairement ses propos. Et il a fini en écrivant : « Ce qui est déjà plutôt très bien c’est que c’est un film qui te  ressemble. Maintenant si tu es d’accord sur mes critiques on peut essayer de  travailler ensemble. » À partir de là, les choses sont allées très vite.  Nous avons fait une réunion d’écriture avec Bertrand et Pascal Arnold. Quatre  mois plus tard, le scénario était fini. Bertrand a mis en route les recherches  de financement. Il a donné son feu vert pour démarrer la préparation sans avoir  bouclé le budget, ce que je trouve plutôt courageux et le film s’est tourné  dans la foulée. Quand je lui ai parlé de Valérie Delis qui allait superviser  tous les décors en lui indiquant que ce n’était pas son métier, il m’a juste  dit : « Je te fais confiance ». Il a su me donner les outils et me laisser libre. Et je n’en ai jamais profité car je n’ai jamais dépassé !
 Est-ce que vous réécrivez beaucoup le film au  montage ?Je l’écris autrement. J’oublie le scénario. À ce  stade, il ne me sert plus à rien. Seuls comptent les personnages, leurs  émotions, leur voyage intérieur. Ce qu’ils vivent. Le rythme. C’est difficile  le montage car il faut faire le deuil de certains moments que l’on aime,  certains dialogues, certains décors, certains plans… et vu ma façon de tourner,  je me retrouve avec pas mal de rushes et j’ai beaucoup de scènes à enterrer.  Cependant à un certain stade du montage, c’est le film qui parle de lui-même et  là, couper des scènes ne vous fait plus mal mais du bien, beaucoup de bien, car  le film prend son rythme, son récit, son émotion. Il trouve sa cohérence, son harmonie, sa «musique ».
 Il y a justement un équilibre permanent dans ce  film entre émotion, rire, malaise… qui d’ailleurs nous empêche de cataloguer le  film dans un genre précis.Si ce film est comme Lily et qu’il n’entre pas dans  une « case », ce n’est pas pour me déplaire. Qu’il fasse film anglo-saxon, allemand ou français… Du moment qu’il a  son humanité, sa cohérence. Du moment qu’il parle aux  gens. C’est la seule chose qui compte.
 Dans Frankie vous nous aviez fait découvrir le groupe CocoRosie. Comment avez-vous  imagine l’univers musical de Pieds  nus sur les limaces ?C’est au montage que j’ai commencé à penser à la  musique mais je ne savais pas trop par quel bout prendre cette étape. Il y  avait juste une chose dont j’étais sûre, c’était de prendre une chanson de Thomas Dybdhal pour la fin du film. Un jeune norvégien extrêmement  talentueux. Et puis, par l’intermédiaire d’un ami, j’ai rencontré Michael  Stevens, qui a signé les B.O. des trois derniers films d’Eastwood : Lettres d’Iwo Jima, Gran Torino et Invictus. Il m’a dit qu’il s’installait à Paris. Je lui ai parlé du film, il m’a  demandé de lui montrer des images. Je le sentais curieux. Un jour, il est  arrivé au montage avec ses guitares, un synthé… Il s’est mis devant l’écran et a commencé à jouer. Ses instruments ne  sont plus jamais repartis. Michael s’est installé un studio dans la cave de la  production et nous avons couplé atelier montage image et atelier musique. Nous  avons travaillé ensemble.
 Il composait les morceaux au fur et à mesure, qu’il  est ensuite allé enregistrer à Budapest. Ce fut une expérience passionnante.  Sont venus s’additionner quelques-uns de ses copains : Manu Katché, Kyle  Eastwood, Crofton Orr et Scott Barnhill… Vous préférez la littérature ou le cinéma ?Les deux ! J’ai besoin de l’un pour faire l’autre. Ça se répond. Je trouve mes sujets de films dans mes romans. Et des idées de romans en réalisant des films.
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