| Back to Previous Festivals |











Festival Schedule and Program

in English | horaires | longs métrages | court-métrages | program [PDF]

2011 Festival Feature Films (March 24-27)


Le Nom des gens

Le directeur de la photographie Vincent Mathias présente Le Nom des gens

réalisateur Michel Leclerc directeur de la photographie Vincent Mathias scénaristes Michel Leclerc, Baya Kasmi acteurs Jacques Gamblin, Sara Forestier, Zinedine Soualem, Carole Franck, Jacques Boudet, Michèle Moretti durée 1 h 44 min +13 ans

Synopsis

Bahia Benmahmoud, jeune femme extravertie, se fait une haute idée de l’engagement politique puisqu’elle n’hésite pas à coucher avec ses ennemis pour les convertir à sa cause — ce qui peut faire beaucoup de monde vu qu’en gros, tous les gens de droite sont ses ennemis. En règle générale, elle obtient de bons résultats. Jusqu’au jour où elle rencontre Arthur Martin — comme celui des cuisines — quadragénaire discret, adepte du risque zéro. Elle se dit qu’avec un nom pareil, il est forcément un peu facho.

Mais les noms sont fourbes et les apparences trompeuses.

réalisateur/scénariste
Michel Leclerc

2009 Le Nom des gens
2006 J’invente rien
2005 La Tête de maman
2002 Le Poteau rose
1994 Hélène et Lulu
1993 Le Mal en patience

directeur de la photgraphie
Vincent Mathias

2010 La proie d'Eric Valette
2009 Moi, Van Gogh de François Bertrand
  Le Nom des gens de Michel Leclerc
  Captifs d'Yann Gozlan
2008  Une affaire d’état d'Eric Valette
2007 15 ans et demi  de Françoise Bysagnat et Thomas Sorriaux
  Whatever Lola Wants de Nabil Ayouch
2006 Poltergay d'Eric Lavaine
2005 Président  de Lionel Delplanque
2004  Les Parrains de Frédéric Forestier
2003 Trouble de Harry Cleven
2002 La Beuze de Françoise Bysagnat et Thomas Sorriaux
2001 Irène d'Ivan Calbérac
2000 Grégoire Moulin contre l’humanité d'Arthus de Penguern
1999 Ali Zaoua de Nabil Ayouch
1998 In Extremis d' Etienne Faure
1997 Mektoub de Nabil Ayouch

acteur
Jacques Gamblin

2009 Home de Yann Arthus-Bertrand
  Moi, Van Gogh de François Bertrand
Nous trois de Renaud Bertrand
Le Nom des gens de Michel Leclerc
2008 Bellamy de Claude Chabrol
L’Enfer de Henri-Georges Clouzot de Serge Bromberg, Ruxandra Medrea
2007 Enfin veuve de Isabelle Mergault
  Le Premier Jour du reste de ta vie de Rémi Bezançon
2006 Les Brigades du Tigre de Jérôme Cornuau
Nos retrouvailles de David Oelhoffen
2005 Serko de Joël Farges
Les Irréductibles de Renaud Bertrand
2004 25 degrés en hiver de Stéphane Vuillet
  Holy Lola de Bertrand Tavernier
  L’Enfer de Danis Tanovic
2003 A la petite semaine de Sam Karmann
2001 Bella ciao de Stéphane Giusti
2000 Mademoiselle de Philippe Lioret
  Laissez-Passer de Bertrand Tavernier
1999 Les Enfants du marais de Jean Becker
1998 Au cœur du mensonge de Claude Chabrol
  Kanzo Sensei de Shohei Imamura
1997 Mauvais genre de Laurent Bénégui
La Leçon de Monsieur Paillasson de Michel Fissler
1996 Une histoire d’amour à la con de Henri-Paul Korchia
  Tenue correcte exigée de Philippe Lioret
1995 Au petit Marguery de Laurent Bénégui
  Sans souci de Jean-Michel Isabel
À la vie, à la mort de Robert Guédiguian
  Pédale douce de Gabriel Aghion
1994 Les Misérables de Claude Lelouch
  Naissances de Frédéric Graziani
1993 Tout ça…pour ça ! de Claude Lelouch
  Les Braqueuses de Jean-Paul Salomé
1992 La Belle Histoire de Claude Lelouch
  La Femme à abattre de Guy Pinon
  Pont et soupirs de Gilles Maillard
1990 Il y a des jours…et des lunes de Claude Lelouch
1989 Périgord Noir de Nicolas Ribowski

actrice
Sara Forestier

2010 Hitler à Hollywood de Frédéric Sojcher
2009 Gainsbourg (Vie héroïque) de Joann Sfar
  Le Nom des gens de Michel Leclerc
2008 Victor de Thomas Gilou
  Les Herbes folles de Alain Resnais
  Humains de Jacques-Olivier Molon, Pierre-Olivier Thevenin
  Vieillesse : ennemie de Marc Obin
  Une femme en miroir de Olivier Grégoire
  Intimité de Philippe Plunian, Julien Simonet
2006 Jean de La Fontaine, le défi de Daniel Vigne
2005 Un fil à la patte de Michel Deville
  Le Courage d’Aimer de Claude Lelouch
  Quelques jours en septembre de Santiago Amigorena
  Combien tu m’aimes? de Bertrand Blier
  Hell de Bruno Chiche
2004 Astérix et les Vikings de Stefan Fjeldmark, Jesper Moller
  Les Courants de Sofia Norlin
2003 L’Esquive de Abdellatif Kechiche
2001 La Guerre à Paris de Yolande Zauberman
2000 Les Fantômes de Louba de Martine Dugowson

Entretien avec Michel Leclerc et Baya Kasmi

Comme J’invente rien, votre premier film, Le Nom des gens est une comédie. Pourquoi avez-vous choisi ce genre ?
Leclerc : Quand on parle de soi, ou du moins que l’on désire partir d’une matière autobiographique, l’humour permet de mettre la distance nécessaire pour éviter de verser dans la complaisance narcissique. Parler de soi, certes, mais en s’en moquant pour laisser les autres entrer dans l’histoire. C’est la raison fondamentale pour laquelle je fais de la comédie : cela me semble la seule manière élégante de parler de son nombril en évitant de tomber dedans...

Quelles sont vos références en la matière ?
Leclerc : Dans une récente interview, Woody Allen se désolait du fait que les jeunes cinéastes s’inspirent plutôt de Scorsese et de Tarantino que de lui. Or, depuis des années, j’essaye désespérément de m’inspirer de lui — et notamment d’Annie Hall et de Radio Days pour Le Nom des gens — mais personne ne le remarque. Mon but ultime serait de copier tous ses films un par un, mais j’ai bien peur que ma vie n’y suffise pas : je rêve en secret qu’il finisse par me faire un procès pour plagiat, ce qui peut-être me permettrait de le croiser !

Comment a commencé l’aventure du film Le Nom des gens ?
Leclerc : Quand j’ai rencontré Baya, il y a près de dix ans, elle m’a dit comment elle s’appelait et je lui ai répondu, « C’est brésilien ? » et elle m’a répondu, « Non, c’est algérien. » Ensuite, elle m’a demandé mon nom et quand je le lui ai donné, elle m’a dit, « Au moins, on sait d’où ça vient ! » Le point de départ du film se confond donc aussi avec le point de départ de notre histoire personnelle.

Kasmi : On avait envie de réagir à tout un discours déterministe autour de l’identité et des communautés que l’on trouve insupportable et dans lequel on ne se reconnaît pas. Les injonctions de la société sont simplistes et imposent un certain type de comportement en fonction de ses origines. Or, on peut très bien ne pas s’y conformer !

Leclerc : En France, la question des origines est à la fois complexe et obsessionnelle. Comment rester fidèle à ses racines sans être communautariste ? Comment être athée sans renier ses origines ? Ces questionnements-là nous passionnent.

La part autobiographique est donc importante ?
Leclerc : Oui, puisque c’est en se racontant l’un l’autre les histoires respectives de nos familles que l’on s’est rendu compte, malgré nos différences, de convergences par rapport à certaines névroses et obsessions chez nos parents. Fondamentalement, la rencontre amoureuse dépend beaucoup plus de ce terrain familial commun que d’une appartenance supposée à une communauté.

Arthur et Bahia souffrent également d’être des « planqués » …Le Nom des gens
Leclerc : C’est un de leurs points communs. Ils ont l’impression que leur identité ne correspond pas à l’image que les autres se font d’eux. C’est ce qui génère de la culpabilité chez l’un comme chez l’autre: contrairement à leurs parents ou grands-parents qui ont souffert à cause de leurs origines, eux n’en n’ont pas souffert, et ils en sont conscients. Ils ne supportent pas que certains utilisent même la souffrance des générations précédentes pour se mettre en valeur. Alors que les victimes directes de traumatismes historiques — comme la colonisation, la Shoah ou l’esclavage — ont des droits, les descendants de victimes n’ont que le devoir de faire en sorte que des catastrophes du même genre ne se reproduisent pas.

Kasmi : Arthur réagit en se cachant et en dissimulant ses origines juives, et Bahia réagit en revendiquant ses racines arabes qui ne se voient pas sur son visage. D’où sa décision, à un moment, de porter le voile, qui lui permet d’être perçue comme une Arabe et de sentir les regards hostiles sur elle. Elle vit enfin ce que son père a vécu.

Leclerc : Le père de Bahia fait partie de cette génération d’immigrés qui ne sont pas du tout dans la revendication identitaire, alors que c’est elle qui a le plus souffert. Il a cela en commun avec la mère d’Arthur d’avoir été victime de la guerre — la Seconde Guerre Mondiale ou la guerre d’Algérie — mais d’avoir décidé d’aimer la France.

Les acteurs sont étonnants de naturel…
Leclerc : J’ai pris énormément de plaisir dans la direction d’acteurs parce que j’ai eu le sentiment d’être en face de comédiens très investis dans le film. Du coup, ils étaient ouverts à l’improvisation : c’est fondamental, pour moi, de préserver un espace de liberté par rapport à un scénario très écrit. Par exemple, je me suis servi de la nature militante de Carole Franck, qui joue la mère de Bahia : dans les scènes où elle s’énerve contre le nucléaire et où elle insiste pour qu’Arthur fasse un mariage blanc, elle a improvisé.

Sur quel support avez-vous tourné ?
Leclerc : Dès le départ, je voulais un mélange des supports. Le film est majoritairement tourné en HD, mais on a aussi utilisé du Super 16 et du Super 8. Par exemple, lorsque l’on adopte le point de vue amoureux d’Arthur sur Bahia, on passe au Super 16 qui a une texture beaucoup plus sensuelle et chaleureuse.

Quels étaient vos partis-pris de mise en scène ?
Le Nom des gens Leclerc : Je voulais jouer sur le décalage entre les thèmes souvent graves du film — la politique et les traumatismes de l’enfance – et le traitement glamour de la mise en scène. Par exemple, quand Arthur et Bahia, après le mariage blanc, marchent parmi les feuilles mortes, ils polémiquent sur le devoir de mémoire et la guerre d’Algérie. Je trouvais amusant de jouer le contrepoint entre un plan large typique d’une comédie romantique — robe de mariée, bouteille de champagne à la main — et le sujet de conversation.

D’autre part, je souhaitais éviter le sur-découpage et le recours systématique aux gros plans, typiques de la comédie standardisée. J’ai préféré filmer en plan large pour cadrer le corps des personnages et ne pas sur-éclairer les scènes, quitte à perdre certains effets de comédie.

Comment la musique s’est-elle élaborée ?
Leclerc : Jérôme Bensoussan, le compositeur avec qui je travaille depuis longtemps, s’inspire beaucoup de rythmes tziganes, klezmer et orientaux. Sa musique, fondée sur la mélodie, me touche beaucoup par sa sensualité. Je lui ai donc demandé d’apporter son propre style au film, et de l’élargir avec des musiques plus orchestrales, en s’inspirant notamment de certaines partitions lyriques de Georges Delerue. Par exemple, lorsqu’Arthur et Bahia se disputent sur le devoir de mémoire, je souhaitais que Jérôme compose une musique romantique, voire poignante : alors qu’ils s’engueulent, on a l’impression qu’ils se disent des mots d’amour. J’aime beaucoup ce type de contraste.

 


 
 

 

 


Virginia Commonwealth University University of Richmond University of Richmond