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Festival Schedule and Program

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2011 Festival Feature Films (March 24-27)


L’Âge de raison

L'actrice Juliette Chappey présente L’Âge de raison

réalisateur Yann Samuell scénariste Yann Samuell
acteurs Sophie Marceau, Juliette Chappey, Marton Csokas, Michel Duchaussoy, Jonathan Zaccaï, Thierry Hancisse, Déborah Marique, Emmanuelle Grönvold, Roméo Lebeaut, Alexis Michalik, Emmanuel Lemire durée 1 h 37 min tout public

Synopsis

« Chère moi-même,

Aujourd'hui j'ai 7 ans et je t'écris cette lettre pour t'aider à te souvenir des promesses que j’ai faites à l'âge de raison et aussi te rappeler ce que je veux devenir... »

Ainsi commence la lettre que Margaret, femme d’affaires accomplie, reçoit le jour de ses 40 ans.

réalisateur/scénariste
Yann Samuell

2009 L’Âge de raison
2005 My Sassy Girl
2003 Jeux d’enfants

actrice/réalisatrice
Sophie Marceau

2009 L’Âge de raison de Yann Samuell
2008 L’Homme de chevet de Alain Monne
LOL de Lisa Azuelos
De l’autre côté du lit de Pascale Pouzadoux
2007 Les Femmes de l’ombre de Jean-Paul Salomé
Ne te retourne pas de Marina De Van
2006 La Disparue de Deauville
2004 Anthony Zimmer de Jérôme Salle
2003 Je reste! de Diane Kurys
A ce soir de Laure Duthilleul
2001 Belphégor, le fantôme du Louvre de Jean-Paul Salomé
Parlez-moi d’amour
2000 La Fidélité de Andrzej Zulawski
1996 Marquise de Véra Belmont
1995 L’Aube à l’envers
Par-delà les nuages de Michelangelo Antonioni
1994 La Fille de D’Artagnan de Bertrand Tavernier
1992 Fanfan de Alexandre Jardin
1991 La Note bleue de Andrzej Zulawski
Pour Sacha de Alexandre Arcady
1990 Pacific Palisades de Bernard Schmitt
1989 Mes nuits sont plus belles que vos jours de Andrzej Zulawski
1988 Chouans de Philippe de Broca
L’Etudiante de Claude Pinoteau
1986 Descente aux enfers de Francis Girod
1985 Police de Maurice Pialat
L’Amour braque de Andrzej Zulawski
1984 Fort Saganne de Alain Corneau
Joyeuses Pâques de Georges Lautner
1982 La Boum 2 de Claude Pinoteau
1981 La Boum de Claude Pinoteau

acteurs
Marton Csokas

2010 L’Arbre de Julie Bertucelli
2009 L’Âge de raison de Yann Samuell

Michel Duchaussoy

2010 Elle s’appelait Sarah de Gilles Paquet-Brenner
2009 Mères et filles de Julie Lopes-Curval
Tricheuse de Jean-François Davy
Persécution de Patrice Chéreau
La Loi de Murphy de Christophe Campos
L’Autre Dumas de Safy Nebbou
Imogène McCarthery de Alexandre Charlot, Franck Magnier
Coup de jeune de Samuel Tudela
L’Âge de raison de Yann Samuell
2008 Mesrine: L’instinct de mort de Jean-Francois Richet
Arthur 3, la guerre des deux mondes de Luc Besson
Arthur et la vengeance de Maltazard de Luc Besson
Le Petit Nicolas de Laurent Tirard
Mesrine: L’ennemi public n◦1 de Jean-Francois Richet
Le Lit près de la fenệtre de Michaёl Barocas
2007 Les Deux Mondes de Daniel Cohen
2006 Lune de miel de François Breniaux
2005 Le plus beau jour de ma vie de Julie Lipinski
La Boîte noire de Richard Berry
Arthur et les Minimoys de Luc Besson
Le Voyageur de la Toussaint de Philippe Laik
2004 La Demoiselle d’honneur de Claude Chabrol
2003 Dédales de René Manzor
Confidences trop intimes de Patrice Leconte
Le Cadeau d’Elena de Fréderic Graziani
2002 Bienvenue chez les Rozes de Francis Palluau
Tristan de Phillipe Harel
La Voix de mon fils de Alexandre Brasseur
2001 Amen de Costa-Gavras
La Mentale de Manuel Boursinac
2000 La Veuve de Saint-Pierre de Patrice Leconte
T’aime de Patrick Sébastien
Les Portes de la gloire de Christian Merret-Palmair
Lise et André de Denis Dercourt
1998 Disparus de Gilles Bourdos
Fait d’hiver de Stéphanie Cotta
1993 Pas d’amour sans amour de Evelyn Dress
Cache cash de Claude Pinoteau
1992 Le Diable à quatre de Giorgio Ferrara
1991 Les Cahiers bleus de Serge Leroy
1990 Milou en mai de Louis Malle
Voir l’éléphant de Jean Marboeuf
Equipe de nuit de Claude d’Anna
1988 Bernadette de Jean Delannoy
1986 Le Môme de Alain Corneau
1984 Partenaires de Claude d’Anna
1979 Je te tiens, tu me tiens par la… de Jean Yanne
La Ville des silences de Jean Marboeuf
1977 L’Homme pressé de Edouard Molinaro
Armageudon de Alain Jessua
1974 La Jeune Fille assassinée de Roger Vadim
1973 Traitement de choc de Alain Jessua
Nada de Claude Chabrol
1971 Aussi loin que l’amour de Fréderic Rossif
L’Homme au cerveau greffé de Jacques Doniol-Valcroze
L’Accalmie de Alain Magrou
1970 La Rupture de Claude Chabrol
Ils de Jean-Daniel Simon
1969 La Femme infidèle de Claude Chabrol
dee, dee, Barbara de Michel Deville
La Main de Henri Glaeser
Que la bête meurt de Claude Chabrol
1967 La Louve solitaire de Edouard Logereau
1966 Jeu de massacre de Alain Jessua

Juliette Chappey

2010 L’élève Ducobu de Philippe de Chauveron
2009 L’Âge de raison de Yann Samuell

Entretien avec le réalisateur Yann Samuell

Comment est né ce troisième long métrage ?
C’est avant tout une idée que j’ai eue pour ma propre vie ! Le jour de mes 18 ans, je me suis demandé ce que j’aimerais recevoir comme cadeau, et je me suis dit que ce serait formidable de recevoir des nouvelles de moi quand j’étais enfant et de me souvenir des choses qui avaient compté pour moi. Quand j’ai eu 30 ans, j’ai regretté de ne pas l’avoir fait à 18 ans – et quand j’en ai eu 40, je me suis dit que j’allais en faire un film puisque je n’avais pas réussi à le faire dans la vie.

Deux de vos films démarrent sur un jeu enfantin : le « Cap ou pas cap » de Jeux d'enfants (2002), et les lettres adressées à soi-même de L'Âge de raison (2009)...
Je ne suis pas persuadé que la vie d’un enfant soit si ludique que ça. Au contraire, je pense que c’est une période où on est très entier et où on s’implique dans tout ce qu’on fait. Du coup, je crois qu’une petite fille qui se lancerait dans l’aventure de Marguerite ne le prendrait pas du tout comme un jeu, mais comme la chose la plus sérieuse qui puisse lui arriver.

Vos personnages ont souvent un rapport à l’enfance très fort. C’est un questionnement qui vous tient particulièrement à cœur ?
On sait aujourd’hui que la personnalité d’un individu est forgée avant l’âge de trois ans. L’Âge de raisonRetrouver l’enfance c’est retrouver son origine. C’est redécouvrir son point de départ et sa trajectoire initiale avant que des obstacles de la vie ne la détournent. Il existe une vérité qui se compromet avec l’âge, parfois pour le meilleur, parfois pour le pire. Comme le dit le personnage de Malcolm dans le film : grandir c’est avancer… Il faut juste être heureux de la direction dans laquelle on avance. Je suis l’heureux papa de cinq enfants, ce qui m’aide à rester proche du monde de l’enfance.

Comment s’est passée l’écriture ? Est-ce un moment jubilatoire ou douloureux pour vous ?
C’est une phase que j’adore. Je compare souvent la réalisation d’un film à la préparation d’un bon repas pour des amis. On commence par rêver aux recettes que l’on va tenter, on part faire les courses et puis on se met à la cuisine. Pour moi, l’écriture, c’est le moment où l’on rêve au repas. C’est donc la partie la plus libre et la plus jouissive de la fabrication du film.

Marguerite est un personnage à la fois hautain, très attachant et fantasque. Comment l’avez-vous construit ?
Ce n’est pas le scénariste qui construit le personnage, mais c’est le personnage qui construit le scénariste. Il surgit littéralement au bout de la plume ou sur l’écran de l’ordinateur et il me guide. Au départ, je ne sais pas où il va, ni ce qu’il va devenir. Ensuite, je lui invente des situations et je place des obstacles sur sa route, mais le personnage réagit toujours de lui-même.

Comment avez-vous eu l’idée de sa manière de s’identifier à de grandes figures féminines pour se donner du courage ?
Comme Marguerite est une femme très volontaire, je ne voulais surtout pas donner d’elle l’image d’une femme masculine. Dans l’histoire de l’humanité, il y a eu tellement de femmes merveilleuses que cela me permettait de leur rendre hommage.

D’autre part, dans les moments de doute où je me sens un peu fragile, j’ai besoin, comme elle, d’identifiants très forts. D’ailleurs, il y a toute une période de ma vie où j’avais un petit personnage de cartoon dans ma poche que je tripotais dès que j’étais dans une situation de faiblesse : je sentais le caoutchouc sous mes doigts et je me disais qu’à ma place, ce personnage rebondirait, car dans les cartoons on rebondit toujours.

Les personnages secondaires sont savoureux et réservent pas mal de surprises. Comment les avez-vous imaginés ?
J’adore le cinéma français des années 50-60 qui accordait une vraie place aux seconds rôles. Du coup, quand je fais un film, j’essaie de m’inscrire dans cette tradition. D’ailleurs, à partir du moment où je travaille avec des comédiens que j’aime, je me dois de leur confier des rôles complexes et à leur hauteur. C’est d’autant plus important dans L'Âge de raison (2009) que Marguerite suit un parcours initiatique et croise sur sa route des personnages qui ont une valeur symbolique : la figure du père avec le notaire, l’amour d’enfance avec Philibert et celle de l’amant avec Malcolm. Chacun d’entre eux incarne un pan de la vie de Marguerite.

On parle rarement du monde de l’entreprise dans les comédies en France. Qu’est-ce qui vous a donné envie d’évoquer ce milieu-là ?
J’ai cherché un contrepoint à l’enfance de Marguerite. Quand on est petit, et qu’on se projette dans l’avenir, on fabrique quelque chose de ses mains, contrairement aux grandes entreprises où l’on jongle avec des concepts, des chiffres et de l’argent virtuel. Pour moi, ces espaces vides où ne se trouvent que des ordinateurs et des téléphones représentent l’antithèse de ce que l’on imagine du monde du travail quand on est enfant.

Vous jouez beaucoup sur les contrastes, comme entre Shanghai, ultramoderne, et le village traditionnel de Saou...
Au moment de la préparation, lorsque je parlais du film à mon équipe, j’expliquais que c’était un film «vertical», puisque je faisais se rencontrer l’enfance et le monde adulte, l’Europe et l’Afrique, ou encore la province et une très grande ville de France. En quelques secondes, on change totalement d’univers, tout en étant dans le même espace-temps. Cela renvoie aux contrastes flagrants qui existent dans le monde actuel, comme par exemple au niveau des écarts de fortune. Le cinéma permet de mettre en lumière ce type de contrastes de manière éclatante, comme une sorte de clignotant d’urgence.

Comment avez-vous conçu les séquences d’animation ?
Je revendique complètement les influences de Tex Avery et de Walt Disney. Dans Jeux d’enfants (2002), j’avais favorisé un univers en découpage de carton, dans My Sassy Girl (2005), mon second film que j’ai réalisé aux États-Unis, j’avais imaginé un monde avec des jouets et, pour L’Âge de raison (2009), j’ai choisi des collages façon Prévert.

Comment avez-vous choisi le cadre froid, aux lignes géométriques, de l’entreprise ?
À l’inverse de mes scénarios, qui sont très touffus, j’ai un goût prononcé pour les décors épurés pour que ce soient les personnages qui remplissent l’espace. J’ai aussi travaillé sur la «verticalité» dont je parlais tout à l’heure et sur le contraste des couleurs entre le monde de l’entreprise et la province. C’est une orientation esthétique qui est apparue très en amont, parce que j’aurais beaucoup de mal à écrire une histoire que je ne visualiserais pas. Si, au moment de l’écriture, j’ai le sentiment que je n’aurai pas envie de tourner telle ou telle scène, c’est qu’elle n’a pas sa place dans le scénario.

Et la lumière ?
J’ai privilégié la surexposition et les contrastes assez marqués. Très tôt, j’ai eu le sentiment que l’entreprise avait investi dans l’art contemporain et qu’il fallait tapisser les murs de grands tableaux complètement abstraits dans des tons très froids et retenus.

Avez-vous écrit le film pour Sophie Marceau ?
Cela fait quelques années qu’on avait envie de tourner un film ensemble. Dès que j’ai écrit la première version du scénario, qui était encore foisonnante et pas très structurée, j’ai appelé Sophie pour lui dire que le rôle était pour elle. Elle a été très touchée, mais je savais qu’il fallait que je retravaille encore le script. Arrivé à la 13ème version, je l’ai recontactée et elle m’a alors expliqué qu’elle voulait marquer une pause après les quatre films qu’elle avait enchaînés. Elle a quand même accepté de lire le scénario et elle m’a rappelé pour me dire qu’elle était totalement conquise. Heureusement — car elle était mon premier et unique choix !

Comment s’est passé le casting des autres comédiens ?
Jonathan Zaccaï avait aimé Jeux d’enfants (2002) et m’a dit oui avant même de lire le scénario. Quant à Michel Duchaussoy, je trouvais qu’il y avait une adéquation parfaite entre le rôle de Mérignac et lui. Il y a aussi mon fils Roméo qui joue Philibert enfant et mon épouse qui interprète Mme de Lorca – sans que j’aie fait pression sur la directrice de casting !

La petite fille est formidable de fraîcheur et de naturel. Comment l’avez-vous trouvée et dirigée ?
La petite Juliette a été d’un professionnalisme stupéfiant. Contrairement à beaucoup d’enfants qui cherchent à correspondre à l’image qu’ils ont d’un acteur, elle a une élégance naturelle. Après l’avoir choisie, je l’ai fait beaucoup répéter avec les autres comédiens. Du coup, lorsqu’elle est arrivée sur le plateau, elle était très à l’aise et voyait le tournage comme un jeu, et non pas comme un travail.

Comment dirigez-vous les comédiens ?
En réalité, je n’ai pas vraiment l’impression de «diriger» L’Âge de raisonles acteurs car ils connaissent bien mieux leur métier que n’importe quel réalisateur. Du coup, je m’inspire beaucoup de ce que les comédiens pensent de leur rôle et j’écoute leurs propositions dont je tiens souvent compte. J’essaie seulement de les entraîner dans ma vision du film, ce qui donne lieu à une discussion entre eux et moi. Sur le plateau, je m’assois en général sous la caméra pour être au plus près d’eux, comme si j’étais au théâtre. Je ne suis presque jamais au «combo», ce qui implique une confiance absolue dans mon directeur de la photographie, Antoine Roch.

À qui avez-vous confié la musique ?
J’avais envie d’une musique «économe.» Quand Cyrille Aufort, le compositeur, a vu le film, il m’a dit qu’il avait été très ému et qu’il voulait me proposer quelque chose de «contenu. » Je trouve qu’il a très bien cerné l’esprit du film : sa musique est à la fois romantique et lyrique tout en étant d’une grande sobriété.

Entretien avec Sophie Marceau

Qu’est-ce qui vous a intéressée et touchée chez Yann Samuell ?
C’est un cinéaste qui a un véritable univers dans lequel je suis entrée avec beaucoup de plaisir. Et surtout, c’est un univers lié à l’enfance : je crois qu’il est important de ne jamais oublier l’enfant qu’on a été, ni d’où l’on vient. Parce que cet enfant est ce garde-fou qui vous rappelle les choses essentielles et qui ne ment pas sur la personne que vous êtes.

Quelle a été votre première réaction à la lecture du script ?
C’est un peu particulier parce que c’est un film qui n’a pas de codes ou de références connues. On y entre sans vraiment savoir où l’on va – comme dans Alice au pays des merveilles : on ouvre une porte, en ignorant ce que l’on va y trouver derrière.

Parmi toutes les grandes figures de femmes auxquelles Marguerite s’identifie, quelle est celle dont vous vous sentez la plus proche ?
Ce sont toutes des femmes qui avaient un talent particulier et que j’admire, comme Mère Térésa, Marie Curie, ou encore Ava Gardner. Je crois que j’aurais aimé être Maria Callas parce que chanter procure une émotion immédiate. Mais, au fond, toutes les femmes sont des êtres formidables : il faut beaucoup de courage pour affronter tout ce qui nous attend, entre nos vies de mamans, nos vies professionnelles et nos vies d’épouses.


 
 

 

 


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